ultralight

2015 — Vue d’atelier, Toulouse

 

Tirages lambda, bois

 

 

Réalisées avec un procédé chimique d’hypochlorite de soudium (eau de javel), les photographies sont rongées dans leur chairs par oxydation. Les feuilles de papier sont aspergées d'agent acide qui fait resurgir de ses fibres les sels d’argents colorés qui s’entremêlent. Rosalind Krauss parle de la photographie comme "d'une empreinte, une décalcomanie du réel. C'est une trace - obtenue par un procédé photochimique ."

La photographie a blanchit, elle conserve les traces du geste de l'artiste. L'évaporation de la solution corrosive arrête le processus de fabrication, l'image est fixée. Les tirages de Laura Rives flirtent autant avec la peinture abstraite qu'avec la photographie. Chaque photographie est à la fois reproductible dans son processus et unique dans son résultat.

 

C’est un refus de la fonction de la photographie : celle de conserver une image du monde. Nous perdons nos référents qui s’éclipsent et disparaissent. Nous conservons des flux colorés et flous qui se mélangent les uns aux autres, s’étirent et blanchissent. Le matériau est malmené, forcé à se disperser, poussé dans ses derniers retranchements. Des motifs apparaissent dans un glissement, sa structure poreuse est brûlée. Débordée par une matière mouvante, la photographie coule en une forme en devenir, une matière organique qui se liquéfie. Et comme le disait déjà Roland Barthes de la photographie : "Elle a communément le sort du papier (périssable),  [...] mortelle :  comme un organisme vivant, elle naît à même les sels d'argent qui germent, elle s'épanouit un moment, puis vieillit. Attaquée par la lumière, l'humidité, elle pâlit, s'exténue, disparaît".